Pourquoi skier dans les Préalpes coûte toujours plus cher

En 20 ans, les tarifs des stations de ski fribourgeoises ont augmenté en moyenne de presque 40%. Comment expliquer cette hausse?

Skier aujourd'hui à Fribourg coûte en moyenne 40% plus cher qu'il y a vingt ans. © Envato

À l’image du reste de la Suisse, les stations de ski des Préalpes fribourgeoises ont vu leurs tarifs augmenter significativement depuis 2004. Aux Paccots par exemple, une journée de ski coûtait 31 francs en 2008. Aujourd’hui, elle est passée à 42 francs. À la station du Kaiseregg au Lac Noir, elle était de 37 francs en 2011 et 46 l’année dernière. Même constat au Moléson, passant de 30 francs en 2004 à 42 francs cette année, soit une hausse de 40% en vingt ans.

Comment expliquer ces hausses? Il y a évidemment l’augmentation importante des coûts des charges, comme l’électricité – impactée ces dernières années par la guerre en Ukraine –, les salaires ou diverses fournitures, explique la station des Paccots. Mais pas que. "Les normes de sécurité dans le domaine des remontées mécaniques n’ont cessé d’augmenter, ce qui engendre encore des charges supplémentaires", explique Claude Gendre, directeur de TéléCharmey.

"Comme une voiture"

Ces différents facteurs mènent à une spirale inflationniste difficile à maîtriser pour les stations. Antoine Micheloud, directeur des remontées mécaniques Gruyères-Moléson relativise lui aussi cette hausse des tarifs en donnant un exemple parlant. "En 1963, le coût de construction du téléphérique reliant Plan-Francey au sommet du Moléson s’était monté à 700'000 francs environ", explique-t-il. "Le prix d’un billet aller-retour coûtait alors 10 francs. En 2012, le renouvellement de la même installation a coûté 14.5 millions de francs, soit un facteur d’augmentation de presque 21. Le prix du billet est, lui, monté à 30 francs dans le même laps de temps, soit un facteur d’augmentation de seulement 3."

Les remontées mécaniques sont "comme une voiture", compare de son côté Bruno Sturny, directeur de La Berra. "Dans un premier temps, il n'y a pas beaucoup de charges, puis plus les années avancent, plus les coûts d’exploitation et de maintien explosent."

Stabiliser ou s'adapter

Face à tous ces coûts en constante hausse, serait-il possible de stabiliser les prix? "Il est compliqué de limiter les charges, qui sont des frais nécessaires", nous répond la station de Jaun. Mais il existe quelques pistes. Les canons à neige, s’ils garantissent un domaine praticable, sont gourmands en énergie et onéreux à l’entretien, confirment les stations de la Berra et de Kaiseregg. Le tourisme quatre saisons, qui se développe toujours plus, pourrait par contre y contribuer. "Plus les sociétés peuvent lisser les charges sur l’année, moins il sera nécessaire d’impacter les prix hivernaux pour la survie de nos stations", explique Claude Gendre. Mais il faudrait encore du temps avant de pouvoir le confirmer.

En attendant, les stations s’adaptent pour essayer de proposer des prix attractifs. Au Lac Noir, "la direction s’efforce de préserver sa renommée de station familiale en n’augmentant pas les prix pour les enfants", nous explique Kurt Waeber, le directeur des remontées mécaniques du Kaiseregg. Les Paccots proposent eux des "cartes à points": chaque carte possède un certain nombre de points à dépenser sur les différentes installations, pour permettre au skieur de profiter des pistes à moindre prix selon ses besoins.

Quid du Magic Pass?

Et pour ceux qui aiment aller régulièrement en montagne, il existe le Magic Pass, dont le prix est resté globalement stable, passant de 359 francs l’année de sa création en 2017 à 399 pour la saison 2024-2025. Avec la hausse des tarifs du ski partout en Suisse, l’abonnement est d’ailleurs très plébiscité par les skieurs. À Moléson par exemple, il représente entre 30 et 60% des fréquentations. À la station du Kaiseregg, le Magic Pass est dans les mains de 80% des visiteurs réguliers.

L’abonnement de saison n’a d’ailleurs eu aucune influence sur la hausse des prix, confirment les différentes remontées mécaniques. Bien au contraire: il est essentiel pour elles, en apportant un afflux de liquidité dès le début de la saison, sécurisant une partie importante du chiffre d’affaires et protégeant contre les aléas météorologiques et climatiques.

Il a, par contre, définitivement enterré les abonnements de saison que proposaient auparavant presque toutes les stations fribourgeoises.

Frapp - Mattia Pillonel
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